Les nouvelles mobilités ont le vent en poupe et nos façons de nous déplacer sont sans cesse réinventées. Mobilités plus douces pour l’environnement, gain d’argent, gain de temps… De nouvelles solutions fleurissent chaque jour dans l’écosystème du déplacement. L’une d’elle est une petite révolution : il s’agit du premier robot voiturier autonome, et il est français (cocorico 🇫🇷 !). Son nom ? Stan. Son ambition ? Vous faciliter la vie. Un objectif atteint depuis quelques années par ce robot qui gare votre voiture à votre place. Un petit créneau pour Stan, un grand pas vers l’infini futur de la mobilité (et au-delà !). 🤖
Bonjour Mathieu, vous êtes Vice-Président de l’Ingénierie et COO chez Stanley Robotics. Quel parcours vous a conduit à cette expérience ?
J’ai passé une grande partie de ma carrière dans l’automobile, chez un constructeur (Renault), où j’ai pu évoluer sur une grande variété de postes ; principalement au sein de l’ingénierie. Puis j’ai eu l’occasion d’œuvrer sur différents systèmes du véhicule et de participer activement à l’introduction de fonctions innovantes. J’ai également eu la grande chance de pouvoir mener un projet de véhicule démonstrateur électrique, connecté et autonome. Une véritable projection dans le futur de l’usage de ces technologies clés pour l’industrie automobile. Ce projet, mené en mode intrapreneurial, m’a donné l’envie de me confronter au monde de l’entrepreneuriat. C’est la raison de cette bifurcation vers une petite entreprise.
Pourquoi avoir choisi Stanley Robotics ?
Le projet de Stanley Robotics m’a séduit à plusieurs égards. Tout d’abord parce qu’ils œuvrent dans un domaine relativement proche de celui que je connaissais bien (l’automobile). Ensuite parce que le projet se concentre sur une phase de vie spécifique de l’usage automobile et dans un environnement maîtrisé, ce qui permet de déployer immédiatement et de manière utile des technologies de véhicule autonome. J’ai été également impressionné par le niveau de maîtrise des technologies de pointe embarquées sur le robot et la qualité des réalisations pour une entreprise de petite taille. Et enfin parce que j’ai tout de suite été attiré par l’équipe et la bienveillance qui anime l’entreprise.
Stanley Robotics propose « le premier service de stockage robotisé de véhicules au monde » avec Stan, son robot voiturier. Quel est votre rôle dans l’évolution de Stan ?
Quand on réalise un robot mobile autonome, l’objectif pourrait se résumer simplement à faire en sorte qu’on n’ait plus rien à faire. Mais dans la vraie vie et surtout en phase de développement, les choses ne sont pas aussi simples que ça. Ma première action a été de mettre en place un moyen de mesurer l’autonomie du robot (sa capacité à se débrouiller sans intervention humaine). Cet indicateur a été une boussole essentielle pour les équipes de développement et a permis de réaliser des progrès considérables très rapidement. Au-delà du robot, c’est l’autonomie du système complet qui est en jeu.
En trois mots, comment décririez-vous votre métier ? Et votre quotidien ?
Trois mots ? Pas facile ! Je dirais agilité, adaptabilité et sang froid. À vrai dire, il est difficile de parler d’un quotidien tant il peut être très varié. Faire partie de l’équipe dirigeante d’une entreprise qui développe un service innovant comme celui-ci impose une grande capacité d’adaptation. Il n’est pas un jour sans sa surprise. Par ailleurs, les différentes crises qui secouent durement nos marchés cibles, que ce soit la crise sanitaire et son impact sur les aéroports (et leurs parkings) ou la pénurie de composants qui affecte l’industrie automobile mondiale (et donc la logistique associée), ont des conséquences majeures et très directes sur l’entreprise. Il faut donc savoir en permanence tirer des bords tout en maintenant un cap. Savoir se créer des fenêtres de stabilité dans un monde extrêmement instable.
Depuis 2019, on retrouve des robots Stan sur le parking P5+ de l’Aéroport de Lyon Saint-Exupéry. Jusqu’où se déploiera Stanley sur les prochaines années ?
La pandémie a malheureusement brisé l’élan qu’on avait, alors qu’on était en train de déployer le service sur plusieurs nouveaux aéroports. Ce marché est actuellement en sommeil en attendant la reprise de la croissance du trafic aérien. Ceci a été l’occasion d’accélérer notre expansion vers un autre marché, celui de la logistique automobile aval (dénommée FVL pour Finished Vehicle Logistics). C’est tout ce qui a trait à la logistique des véhicules neufs entre l’usine qui les a produits et le concessionnaire, voire le client final.
Nous voyons aussi une expansion dans le monde du véhicule d’occasion avec une tendance forte à l’industrialisation du reconditionnement véhicule pour augmenter et prolonger leur valeur résiduelle. Cette tendance de fond sur l’économie circulaire dans l’automobile offre une perspective d’usage intéressante pour notre système qui permet d’optimiser les flux de véhicules entrants et sortants de telles usines de reconditionnement. Nous avons aussi signé un partenariat stratégique avec Mitsubishi Heavy Industries au Japon, et nous sommes en train d’étudier de nouvelles applications de notre système. Avec les habitudes de conduite qui changent, surtout pour les populations urbaines qui possèdent moins de voitures et comptent sur la location pour leurs vacances, nous envisageons des opportunités dans ce domaine à l’avenir.
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Avec Stan, vous facilitez un moment de vie de nombreux usagers. Jusqu’à aujourd’hui, combien ont opté pour votre service ?
Plus de 16 000 familles ont pu bénéficier de cette expérience à forte valeur ajoutée : déposer son véhicule sans avoir à chercher de place, décharger ses bagages à l’abri, à proximité de l’arrêt du bus-navette qui mène au terminal. Une manière sereine de démarrer son voyage ! Le niveau de satisfaction remonté par les utilisateurs est extrêmement élevé. Mais tout ce temps gagné, c’est aussi de la sécurité en plus. Terminé les déambulations avec bagages et enfants dans des parkings immenses où la vigilance des conducteurs est très souvent diminuée par la recherche d’une place et le stress d’arriver en retard pour son vol.
Quels sont vos principaux challenges ; et ceux de Stanley Robotics ?
Ma position fait que mes challenges se confondent avec ceux de l’entreprise. Je dirais que le challenge principal est de prendre les bonnes orientations dans un champ des possibles qui est très vaste. Il y a des challenges techniques sur le robot que nous voulons rendre encore plus agile en étendant ses capacités de perception de son environnement proche en fusionnant différentes technologies de vision. Nous regardons aussi le marché américain qui présente des véhicules plus imposants et plus lourds nécessitant de muscler le robot. Nous travaillons également à optimiser la coopération entre les robots en affectant à chacun la mission la plus pertinente en terme d’efficacité globale. Ceci nécessite une grande capacité de prévision des conflits de trajectoire dans le temps. Nos travaux de recherche sur le sujet commencent à porter leurs fruits.
Quel futur s’augure pour Stan ? Sera-t-il rejoint par d’autres véhicules autonomes ?
Tout d’abord, Stan deviendra plus fort, plus agile et plus rapide avec pour objectif d’élargir son terrain de jeu. Nous envisageons également d’augmenter ses capacités de perception de l’environnement pour lui permettre de sortir des parkings afin d’évoluer au plus près des usagers. Mais nous avons aussi dans nos cartons des projets de diversification plus larges dans le monde du transport de biens en extérieur. Notre ambition est d’apporter de la valeur dans l’ensemble de la logistique en environnement extérieur à partir de l’expertise que nous avons développée au travers de nos deux cas d’usage actuels (robotisation de parkings publics et de parkings logistiques).
Quel est le meilleur conseil professionnel que vous ayez reçu ?
Le vrai conseil professionnel que j’ai reçu de façon récurrente, c’était de chercher à faire des choses qui ont du sens, au moins pour moi. Le fil conducteur pour moi ça a toujours été d’aller vers quelque chose qui me plaisait techniquement ; et j’ai toujours aimé depuis tout petit les choses qui bougent toutes seules. Le premier robot (la machine à laver) a quand même révolutionné la vie dans les foyers. C’est un exemple parmi tant d’autres que la technologie peut amener des solutions dans un certain nombre de domaines.
Que peut-on souhaiter à Stanley Robotics pour les années à venir ? Quels sont vos rêves pour Stanley Robotics ?
On a réussi à faire une boîte où il y a un climat de confiance énorme. Finalement, mon premier rêve c’est de faire vivre cette boîte ; ne serait-ce que parce que l’équipe et la bienveillance qui y règnent y sont exemplaires. Ça ne veut pas dire que c’est facile tous les jours, entre la crise automobile et celle du covid. Ce qui est assez phénoménal c’est qu’il n’y a pas une seule seconde d’énergie qui est dépensée à autre chose que soit faire avancer le schmilblick dans la boîte, soit à refaire le monde.
Soit qu’ils aillent transporter autre chose que des voitures, soit qu’ils aillent se préoccuper des voitures mais plus près de là où on a envie de les poser. Le rêve, pour l’aéroport, ça serait qu’on vienne chercher les voitures devant le terminal. In fine, libérer ces robots pour qu’ils puissent bouger et se faire connaître en dehors des parkings. Juste avant la crise, on avait signé une extension de l’aéroport de Lyon mais aussi avec l’aéroport de Bâle Mulhouse ; et on ouvrait au public l’aéroport de Londres Gatwick. En 3 semaines le covid a mis tout ça par terre. Malgré cela, on reste optimistes et ouverts aux nouvelles opportunités : aujourd’hui on travaille beaucoup avec le Japon. On fait tourner deux robots là-bas. Avec le covid, les frontières étaient fermées et on a dû déployer le système en formant les équipes et en leur faisant opérer le robot tout en restant en France. On surveillait donc à distance mais ça a marché. 💫